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Le projet Grandes métropoles

1. Trois espaces d’étude comparables et des thématiques susceptibles d’être croisées

Les métropoles et plus particulièrement les villes mondiales qui sont affectées par des dynamiques accélérées de recompositions sociales, économiques ou environnementales, sont des terrains d’études riches. Elles offrent des champs d’investigation multiples, autant sur le plan des thématiques que des types de données exploitables. Plusieurs critères ont permis d’établir un échantillon d’apprentissage pour ce projet : l’intérêt des chercheurs membres du CIST pour des terrains situés dans des contextes géographiques différents, mais comparables tant sur le plan social que spatial, et le potentiel élevé d’accès à des données locales hétérogènes ont permis de constituer un échantillon de départ de trois métropoles.

Figure 1. Zones d’étude, périmètres et maillages de référence retenus pour les trois premières métropoles du « bac à sable »
Zones d’étude, périmètres et maillages de référence retenus pour les trois premières métropoles du « bac à sable »

Les trois espaces d’étude choisis sont Paris, Chicago et Mexico. Les emprises retenues (Fig. 1) ne recoupent pas toujours parfaitement les périmètres d’aires fonctionnelles de ces métropoles, définies selon l’intensité de la polarisation de la ville centrale sur les travailleurs résidant en périphérie. L’Île-de-France ne correspond pas à l’aire urbaine parisienne définie par l’INSEE en 2010, mais au périmètre de la base de données générale de l’IAU ÎdF (Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France), récupérée dans le cadre du projet. Ensuite, la métropole de Chicago affiche trois délimitations officielles, mais nous avons préféré retenir un quatrième périmètre, informel, reconnu depuis près d’un siècle, le Chicagoland (Chicago Tribune, juillet 1926). Le périmètre d’étude de la métropole américaine affiche ainsi une surface et une population équivalentes à l’Île-de-France. Enfin, bien qu’elle s’étende sur trois États, il n’existe qu’une seule délimitation officielle de l’entité urbaine fonctionnelle de Mexico reconnue par les instituts publics comme le SEDESOL (Secreteria de desarrollo social), le CONAPO (Consejo nacional de población) et l’INEGI (Instituto nacional de estadística y geografía). Ainsi, la zona metropolitana del valle de México (ZMVM), moins étendue, mais plus densément peuplée que les deux autres métropoles, s’impose naturellement comme périmètre d’étude.

Le degré de comparaison de ces trois métropoles repose également sur les similitudes entre différents maillages statistiques de références utilisés. À partir de leur superficie, de leurs populations et de leurs méthodes de construction, un travail de comparaison a été réalisé, en se basant dans les trois cas sur les maillages résultant d’une agrégation d’îlots urbains contigus. Pour Paris et Chicago, ces regroupements d’îlots sont principalement basés sur des seuils démographiques : les IRIS (d’habitats) abritent généralement une population de 1 800 à 5 000 habitants, alors que les block groups recouvrent une population oscillant entre 600 et 3 000 personnes. Pour Mexico, le regroupement d’îlots contigus (de 1 à 50 îlots) repose surtout sur les démarcations physiques et l’occupation du sol. Ainsi, les AGEB urbaines (Áreas Geoestadísticas Básicas) révèlent une amplitude de population plus importante que les IRIS et les block groups, mais présentent des superficies plus homogènes ; leur population oscille généralement entre 1 000 et 9 000 habitants. Bien que les méthodes de construction et les définitions soient différentes, ces découpages comportent des problématiques similaires liées à la représentation. La disparité de superficie des entités entre le centre et la périphérie complique la lecture et la comparaison visuelle. Dans le cas de Mexico, la disproportion surfacique des entités statistiques n’est même pas observable : seule une localisation ponctuelle des localités rurales est mise à disposition par l’INEGI. Cette absence d’information géographique indispensable à la représentation de données intra-urbaines est aussi problématique pour les analyses comparatives interurbaines. Des travaux exploratoires de recomposition d’un maillage permettant de considérer l’ensemble du territoire métropolitain de Mexico ont été menés.

Afin de se confronter aux enjeux liés à l’interopérabilité de données conceptuellement différentes, le choix des trois terrains d’études est logiquement associé à une sélection de différentes thématiques, susceptibles d’être croisées : la démographie, l’utilisation et l’occupation du sol, et le marché de l’immobilier. L’intérêt croissant des acteurs pour les nouvelles données numériques issues du web 2.0 nous a également amenés à nous intéresser à cette nouvelle génération d’informations territoriales locales, comme les données issues de la plateforme « communautaire » Airbnb ou du média social Twitter, de plus en plus utilisées dans l’analyse des dynamiques urbaines, des mobilités et des structures spatiales (Louail et al., 2014).

Une fois les espaces d’étude et les thématiques d’apprentissage arrêtés, trois aspects ont pu commencer à être discutés : l’harmonisation des données, leur représentation comparative et la manière de les interfacer.


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