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Le projet Grandes métropoles

Introduction – Un « bac à sable » commun pour partager questionnements et apprentissages autour des données locales

La profusion de données urbaines locales et le déploiement de systèmes d’information et de visualisation de plus en plus sophistiqués semblent de prime abord apporter une réponse adaptée à la demande croissante d’informations émanant des acteurs privés ou publics, des décideurs politiques, des citoyens et des chercheurs. Que ce soit à partir de classements produits à l’aide d’indicateurs synthétiques ou de tableaux de bord complexes mis à jour en temps réel et censés permettre une nouvelle gouvernance de la ville intelligente, il est désormais possible de visualiser et de comparer les différenciations internes des grandes métropoles et de s’interroger sur les modes d’organisation urbaine, au regard des formulations éprouvées dans les modèles classiques de l’École de Chicago, de Los Angeles (Judd & Simpson, 2011) comme dans les écarts à ces modèles de référence.

Mais ces flux de données massifs et hétérogènes soulèvent aussi de nombreux questionnements conceptuels et méthodologiques en ce qui concerne la manipulation d’informations géographiques qui portent à la fois sur l’espace, le temps et la thématique (Mathian & Sanders, 2014). Si l’on veut dépasser une approche naïve des faits bruts et offrir aux acteurs une information utile en termes d’analyse territoriale, deux hypothèses délicates doivent être levées :

  1. L’interopérabilité des thématiques : beaucoup de croisements d’indicateurs habituellement disponibles « en silos » sont complexes à mener en raison de l’hétérogénéité de la géométrie des objets, ce qui peut conduire à un déficit de gouvernance territoriale intégrée et transversale.
  2. La comparabilité spatiale et temporelle au niveau local : la pauvreté des comparaisons entre métropoles est souvent liée à une difficulté d’harmonisation des données dans l’espace et le temps.

L’axe Information territoriale locale du CIST anime depuis trois ans une réflexion sur ces deux sujets dans le cadre du projet Grandes métropoles et des ateliers qui l’accompagnent. Cette réflexion a pour objectif de renforcer la dimension transversale de ces problématiques, notamment par la mise en place de terrains d’apprentissage communs ou de partage de méthodologies. Ce document retrace brièvement les principaux travaux menés jusqu’à présent dans le cadre de ce projet et cherche à inciter d’autres membres de la fédération de recherche CIST à y participer.

Après avoir présenté les terrains d’apprentissage communs constitués et les premiers enjeux méthodologiques rencontrés lors de la construction de la base de données (1), nous aborderons plusieurs aspects fondamentaux qui sont au cœur de la démarche comparative et qui se situent à différentes échelles. D’abord, dans une perspective interurbaine, nous évoquerons les questions relatives à l’harmonisation des données au travers de l’exemple de l’utilisation et de l’occupation du sol (2). Puis, nous évoquerons les problématiques liées à la représentation comparative à partir de données démographiques (3). Enfin, des travaux sur l’articulation de données territoriales locales variées dans leur granulométrie, leur géométrie et leur thématique (données Airbnb et prix fonciers), qui prennent sens à l’échelle intra-urbaine seront présentés (4).

> Partie 1. Trois espaces d’étude comparables et des thématiques susceptibles d’être croisées
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