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Premiers résultats de l’enquête GlocalMap

4. Satisfaction face aux limites et aux capitales de régions ?

Si les Français·es sont majoritairement satisfait·e·s ou indifférent·e·s face aux nouvelles limites de leur région et à la localisation de leur capitale, une importante minorité conteste ces choix. Concernant les capitales, les contestataires expriment une nette préférence pour une gouvernance polycentrique. Cette insatisfaction est particulièrement marquée à la fois dans les zones rurales et les petites villes mais aussi dans les territoires ayant perdu leur ancienne capitale.

Des limites régionales globalement peu contestées

81,7 % des personnes interrogées n’ont pas souhaité modifier les limites de leur région. Il existe cependant des différences très significatives de remise en cause des limites d’une région à une autre (Tabl. 3). Les régions que les enquêté·e·s ont le plus souhaité modifier sont le Grand Est (35,8 %) et la Bretagne (32,5 %), suivies de loin par la Nouvelle-Aquitaine (23,8 %) et l’Occitanie (22,5 %). Inversement, les régions dont les limites ont été le moins remises en cause sont l’Île-de-France (8 %), la Normandie (9,4 %), le Centre-Val de Loire (10,6 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA, 11,6 %). Ces résultats sont à la fois conformes aux stabilités des découpages régionaux (Île-de-France, Centre-Val de Loire, PACA), aux mouvements de contestation les plus importants (manifestations à Nantes pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, opposition au regroupement de l’Alsace avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne, Occitanie) et/ou aux changements de découpage les plus attendus (Normandie).

Dossier du CIST n° 7 - Figure 4. Découpage régional de la France, avant et après la réforme territoriale de 2015
Figure 4. Découpage régional de la France, avant et après la réforme territoriale de 2015
Dossier du CIST n° 7 - Tableau 3. Attitude des Français·es face aux limites et capitales de leur région
Tableau 3. Attitude des Français·es face aux limites et capitales de leur région

Des capitales régionales (1) davantage remises en cause

Sur l’ensemble de l’échantillon, environ un quart de personnes (24,4 %) ne sont pas satisfaites de leur préfecture de région, 61,4 % sont satisfaites et 14,3 % ne se prononcent pas. Comme dans le cas des limites régionales, on observe de très fortes variations régionales, mais qui ne coïncident pas toujours avec les précédentes (Tabl. 3). Les plus insatisfaites sont les habitant·e·s du Grand Est (45,2 %), de Bourgogne-Franche-Comté (38,1 %), d’Occitanie (31,1 %), du Centre-Val de Loire (30,7 %) et d’Auvergne-Rhône-Alpes (30,2 %). Inversement, les plus satisfaites sont les habitant·e·s des Pays de la Loire (83,2 %), de Bretagne (81,2 %) des Hauts-de-France (71,6 %) et d’Île-de-France (71,1 %). De multiples facteurs peuvent expliquer ces résultats qu’il s’agisse des effets de taille induits par les regroupements (Grand Est), des répartitions plus ou moins bien perçues des services déconcentrés de l’État et des inévitables conséquences (Auvergne-Rhône-Alpes) et/ou du choix contesté de la ville capitale (Bourgogne-Franche-Comté).

Une hostilité particulière à la réforme dans les zones rurales et les régions déclassées

L’analyse détaillée du profil des personnes mécontentes à la fois des limites de leur région et du choix de leur nouvelle capitale fait ressortir les personnes résidant dans des communes rurales ou des villes petites et moyennes, ainsi que les habitant·e·s des régions qui ont perdu leur capitale à l’occasion de la réforme territoriale de 2015. Les contestataires sont le plus souvent des personnes s’intéressant beaucoup à la politique et qui proposent soit un changement de capitale régionale, soit un partage réel des fonctions entre plusieurs métropoles, voire une rotation entre les chefs-lieux de départements.

Selon les régions, le mécontentement peut relever de causes différentes. Dans certaines, c’est probablement l’enjeu de l’accessibilité aux fonctions métropolitaines et aux services publics qui est le moteur de ces revendications. Dans d’autres, on peut sans doute invoquer davantage le rôle de sentiment d’identité territoriale ancré dans une histoire longue ou des spécificités linguistiques (Alsace). Le cas breton est à cet égard intéressant puisque les réponses des habitant·e·s de la région administrative Bretagne montrent une satisfaction forte vis-à-vis de leur capitale actuelle (Rennes) mais une insatisfaction vis-à-vis des limites externes qui ne correspondent pas aux limites historiques du fait de l’exclusion de la Loire-Atlantique. Mais les habitant·e·s de la région administrative Pays de la Loire sont quant à eux très satisfait·e·s de leur capitale administrative (Nantes) et plutôt satisfait·e·s des limites de leur région. Une fusion des deux régions ne satisferait donc pas les partisan·e·s d’une Bretagne « historique » et un rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne priverait les Pays de la Loire d’une capitale appréciée. Dans les deux cas, l’arbitrage du choix de la capitale entre Rennes et Nantes serait sans nul doute conflictuel…


1 La capitale régionale est définie ici par la préfecture, sachant que dans certains cas le conseil régional siège dans une autre ville (Besançon pour la Bourgogne-Franche-Comté, Caen pour la Normandie et, partiellement, Montpellier pour l’Occitanie).


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