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Les enjeux de l’élection européenne cartes sur table

4.3. Le coût de la fragmentation

La preuve par le transport

Le Livre Blanc des Transports (1992) puis la Politique commune des transports (2001) ont fixé les grandes lignes d’un marché européen intégré des transports, visant la fin des obstacles techniques, réglementaires et commerciaux à la circulation des biens et des personnes. Depuis l’après guerre, un immense effort d’investissement a permis de mettre en place un réseau autoroutier d’une densité exceptionnelle. Le « Paquet ferroviaire » de 2001 a lancé l’harmonisation progressive des législations nationales, avec notamment la séparation entre gestion des réseaux et exploitation des services confiée à des entreprises ferroviaires pouvant être mises en concurrence. Dans l’aérien le « Ciel unique européen » (2001) a lancé le projet d’une régulation européenne des trafics.

Si on y inclut la production des équipements de transport, le secteur représente 7 % du PIB de l’UE et emploie 12 millions de personnes. Mais il doit répondre aux questions suivantes : comment réduire sa dépendance au pétrole, si l’on veut réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 1990 ? Comment financer des infrastructures souvent à bout de souffle ? Comment renforcer la capacité d’innovation des entreprises européennes ? Comment associer, grâce au transport, les pays du voisinage européen ?

La connexion aux transports des territoires
La preuve par le commerce

On considère trop souvent comme acquise la puissance commerciale de l’Union européenne et le rôle déterminant qu’y jouerait l’Allemagne, championne des exportations et des soldes commerciaux positifs. Or on oublie trop rapidement que c’est l’union douanière des 28 pays, petits ou grands, excédentaires ou déficitaires, qui procure un avantage collectif à l’UE dans les négociations mondiales et en fait le premier partenaire de la Chine, de l’Inde, du Brésil ou des États-Unis. Que se passerait-il si l’Union européenne disparaissait et si chaque pays faisait cavalier seul dans ses relations commerciales ? L’analyse des données commerciales les plus récentes (2010-2011-2012) montre sans ambiguïtés que tous les pays européens se trouveraient immédiatement marginalisés par rapport aux autres grandes puissances commerciales. L’Allemagne remporterait une victoire à la Pyrrhus vis-à-vis de ses voisins européens, car elle ne serait plus capable de rivaliser avec les États-Unis ou la Chine qui domineraient le commerce mondial en tant que premier consommateur-importateur (États-Unis) ou premier producteur-exportateur (Chine). La Russie pèserait également bien davantage face à une Union européenne désunie, et l’équilibre géopolitique de la zone euro-méditerranéenne en serait profondément bouleversé.

Ajoutons que notre analyse laisse perplexe sur l’opportunité pour l’UE de signer l’accord transatlantique de libre-échange. Le commerce demeure aujourd’hui le seul facteur indiscutable de puissance de l’Union européenne à l’échelle mondiale. L’accord transatlantique ne réduirait-il pas de facto la capacité de l’UE à mener une stratégie autonome ?

La fragile puissance commerciale de l’Allemagne et des pays européens. Au niveau mondial, seule l’union fait la force !
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