5.1. Zoom sur les différences démographiques régionales des pays du Maghreb
Indicateur sans doute imparfait, la part des 15-24 ans dans la population totale permet tout de même de saisir assez bien la singularité des générations nées entre 1986 et 1995 qui forment aujourd’hui le gros des étudiants présents dans les lycées ou universités. Si leur part est dans l’ensemble égale à 1/5e de la population au niveau de l’ensemble du Maghreb, elle peut s’avérer localement très supérieure ou très inférieure.
Au Maroc, la faiblesse relative des 15-24 ans s’explique par la présence importante de plus jeunes, notamment dans les régions rurales du Sud. En Tunisie, c’est l’inverse et la faible présence des jeunes dans le nord du pays va plutôt s’expliquer par le fort vieillissement des campagnes ainsi que par la concentration des actifs adultes dans les zones d’activités du littoral. C’est finalement en Algérie que la part des jeunes est la plus importante, surtout dans la partie orientale, car on y trouve à la fois une faible part de générations plus jeunes (en raison de la baisse récente de la fécondité) et de générations plus âgées (en raison de la faiblesse de l’industrialisation et des emplois permettant de fixer les adultes).
Il ne faut évidemment pas tirer de conclusions hâtives sur une relation mécanique entre forte présence des jeunes et mouvements de révoltes populaires (bien d’autres facteurs sont à prendre en compte). Mais la démographie constitue un élément important qui veut anticiper les dynamiques sociales, économiques ou politiques.
Claude Grasland (RIATE) et Ronan Ysebaert (RIATE)