Retour des territoires, renouveau de la mésologie

Date 

26 mars 2015 - 27 mars 2015    

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Le colloque – coorganisé par le LISA dans le cadre de l’axe Mobilités, identités et territoires – se tient à l’Université de Corse, av. Jean Nicoli, à Corté

La première question posée par le colloque sera de s’interroger sur la réalité de ce « contraire qui se produit », non seulement du point de vue de l’économie territoriale et de la géographie économique, mais plus largement de l’ensemble des sciences sociales et humaines concernées par le rapport des êtres humains avec leurs territoires : problèmes de gouvernance, de production, de consommation, d’aménagement, d’urbanisme, de convivialité… Avons-nous vraiment les indices d’un renversement de la tendance, plus que séculaire, du capitalisme moderne à défaire les territoires pour leur substituer une étendue abstraite, aux différenciations purement fonctionnelles et quantitatives, qui serait définie uniquement en tant que marché, c’est-à-dire par le rapport objectal de marchandises entre elles, y compris par la réification mercatique des « facteurs humains » ?
La seconde question mène à l’ontologie. Réalité ou vœu pieux, le retour des territoires s’accompagne en de nombreux domaines d’une remise en cause des manières d’agir et de penser qui ont produit le monde actuel, et dont Descartes a parfaitement livré l’essence dualiste lorsqu’il écrivit : « je connus de là que j’étais une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser, et qui, pour être, n’a besoin d’aucun lieu, ni ne dépend d’aucune chose matérielle ». C’était là proclamer que l’être du sujet moderne s’auto-institue face à un monde purement objectal, sans interdépendance entre les deux termes. Autrement dit, c’était récuser l’essence des milieux traditionnels, où l’être et son milieu vont ensemble et sont indissociables. De cette abstraction du sujet hors de son milieu est née la modernité. Désormais le monde, et en particulier le territoire, pouvaient être traités comme des objets. Pour le dualisme moderne, en effet, le milieu n’existe pas, ou du moins ne concerne pas l’être individuel. Il est forclos en une pure externalité, celle d’un donné environnemental universel. La question devient donc : serions-nous en train de dépasser cette forclusion, et si oui, quels en sont concrètement les indices ?
Le traitement de ces deux questions renvoie à une problématique de fond qui constitue en quelque sorte le soubassement analytique de ce colloque : la planète Terre n’est pas qu’une table rase, une étendue neutre où joueraient sans attache les calculs de l’homo œconomicus ; c’est à la fois une biosphère – l’ensemble des milieux vivants – et une demeure humaine, une écoumène constituée de milieux humains, tous singuliers et tous territorialisés.

La mésologie, science des milieux (Umweltlehre, fûdoron), se distingue donc de l’écologie, science de l’environnement. C’est dans cette perspective que sont posées les deux questions du colloque. Au delà de la fiction abstraite que l’étendue terrestre ne serait plus que le champ hors-sol d’une mécanique des marchés, il s’agit de reconcevoir ce que sont, concrètement, les territoires de l’existence humaine au sein de son milieu.

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