compte-rendu INFTER MIT

Éclairages sur les données locales pour l’analyse des mobilités métropolitaines

Ce 3e atelier du projet Grandes métropoles, co-organisé le 20 octobre 2017 par les axes Mobilités, identités et territoires & Information territoriale locale (ITL), portait sur l’évolution récente des données de mobilité individuelle mises à disposition, leurs carences ainsi que les solutions imaginées pour contourner ces lacunes.

Programme des présentations et ateliers informatiques

– Questions théoriques et méthodologiques associées à l’analyse de la mobilité

Benjamin Motte-Baumvol (Théma, Université de Bourgogne) – Élargir le cadre d’analyse de l'(im)mobilité : de l’inégalité à l’irrégularité. Discutant : Christophe Imbert (IDEES, Université de Rouen Normandie)
France Guérin-Pace (INED) – Les mobilités : quelles sources ? Quelles échelles ? Quelles problématiques ?

– Approcher les individus et les territoires par les données de mobilité : Mexico comme laboratoire

Paulina Lopez-Guttierez (INED, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) – Apports et limites des données de la statistique publique pour étudier les mobilités individuelles
Jean-François Valette (Ladyss, Université Paris 8) – Qualifier les territoires à partir des données de mobilité

– Ateliers informatiques : traitements de données locales de mobilité individuelle (avec R)

Jean-François Valette (Ladyss, Université Paris 8), Hugues Pécout (CIST) – À partir de l’enquête intercensitaire de la zone métropolitaine de Mexico, comment caractériser à la fois les territoires, les trajectoires entre ces territoires ou encore les populations connaissant une mobilité ?
Marianne Guérois et Malika Madelin (CIST ITL, Géographie-cités et Prodig, Université Paris Diderot) – Que nous apprennent les données des vélos en libre-service sur les mobilités de 3 grandes métropoles ?

Compte-rendu des présentations

Pour Benjamin Motte-Baumvol, la mesure de l’immobilité est un cas emblématique des problèmes soulevés par la définition des déplacements et leur dénombrement, ce que met bien en valeur la confrontation de plusieurs enquêtes issues de contextes nationaux et de méthodologies variés. Si l’analyse statistique des déterminants de l’immobilité souligne la diversité des interprétations possibles de situations « pas si marginales », parfois liées à l’inactivité et à la non-motorisation, elle révèle aussi l’existence de situations peut-être « pas si marginalisantes », qui témoignent davantage de l’irrégularité de la gestion hebdomadaire des activités que d’une moindre diversité de ces programmes d’activités.
Christophe Imbert revient dans la discussion sur l’intérêt de croiser trois critères pour appréhender la variation de la mesure de l’immobilité : la granularité spatiale du déplacement (à partir de quelle portée du domicile enregistre-t-on un déplacement ?), sa granularité temporelle (à partir de combien de temps est-on considéré comme immobile ?) ainsi que le choix de l’unité d’observation (la mobilité ne s’arbitre-t-elle pas davantage à l’échelle du ménage plutôt qu’à l’échelle individuelle ?). L’apport potentiel de relevés GPS à l’étude de l’immobilité est discuté au regard de la masse d’informations à collecter pour assurer la qualité des données et des difficultés liées tant à la précision de la localisation qu’à la détection des temps d’arrêt dans les parcours.

Plus généralement, les données de mobilité ont été mises en perspective par France Guérin-Pace qui a dressé un panorama des principaux facteurs de différenciation de ces informations, selon les notions qu’elles aident à incarner (migrations/mobilités, ancrage/enracinement…), selon leur temporalité, leur caractère transversal/longitudinal, leurs sources (quel est l’intérêt des enquêtes ad hoc face aux difficultés de recueil des parcours géographiques ?) ou bien encore suivant leurs objectifs propres : s’agit-il plutôt de mettre en avant l’analyse des territoires ou celle des parcours individuels ? Comment articuler les deux approches ?

Les présentations consacrées au terrain de Mexico ont permis d’illustrer ces allers-retours entre individus mobiles et territoires.
Paulina Lopez-Guttierez s’est d’abord saisie de la mobilité piétonne comme catégorie d’observation, insistant sur la grande difficulté rencontrée pour mesurer des déplacements qui sont souvent occultés dans les enquêtes de transport et les recensements officiels. La mise en œuvre d’une enquête ad hoc auprès de 600 personnes lui a permis d’analyser plus finement les modalités d’une pratique métropolitaine répandue mais très hétérogène.
Partant des concepts d’ancrage individuel et de maturation territoriale, Jean-François Valette s’est intéressé aux mobilités résidentielles qu’il appréhende comme des « carburants et des marqueurs » de la division sociale en train de se faire dans les périphéries de Mexico. L’exploitation des fichiers détail du recensement de l’INEGI sur le lieu de résidence antérieur permet i) de lire les polarités par la spatialisation des origines et des destinations, ii) d’articuler la description des trajectoires spatiales individuelles aux caractéristiques socio-résidentielles des populations mobiles et non mobiles et, en cela, iii) d’approcher les dynamiques socio-spatiales à l’œuvre. Il est alors possible de différencier l’évolution des contextes résidentiels au niveau municipal (gentrification au centre, décrochage de la périphérie Est, moyennisation du Nord…) et de mettre en évidence les tendances à la polarisation socio-spatiale des territoires métropolitains, suivant un gradient radioconcentrique d’une part, une opposition sectorielle d’autre part.

Cette présentation a été prolongée l’après-midi par un atelier informatique organisé par Hugues Pécout, Jean-François Valette et France Guérin-Pace, qui a permis de manipuler les données de l’enquête intercensitaire de la zone métropolitaine de Mexico de 2015 à l’aide d’une chaîne de traitement combinant indicateurs d’attractivité/répulsivité territoriale et description des populations en mobilité. Un deuxième atelier informatique sur les données des vélos en libre-service dans trois grandes métropoles (Chicago, Mexico, Montréal) a été proposé par Marianne Guérois et Malika Madelin pour explorer quelques pistes de comparaison des pratiques de mobilité quotidienne dans ces trois villes.


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