Souverainetés et territorialités, de l’Europe au monde. Mises en mots, en scènes et en actes d’aspirations populaires à l’émancipation politique

Date 

21 novembre 2018 - 22 novembre 2018    

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Le séminaire se tient

Ce séminaire de l’axe Régionalisations fait suite au séminaire du 13 janvier 2017 sur les intégrations régionales, aux travaux lancés dans le cadre du dictionnaire des régionalisations, qui se traduiront par une série d’événements (en particulier la sortie d’un ouvrage aux éditions Atlande, et par la tenue d’un colloque international en février 2019).

L’objectif est d’aborder la question de la régionalisation (notamment dans le contexte européen) du point de vue de la multiplication et de la diversification des mouvements d’affirmation (plus ou moins complète, plus ou moins radicale) d’autonomie politique. Ces mouvements mobilisent en effet de diverses manières le concept de souveraineté, certes en l’appliquant à des projets collectifs adossés à des visions de la territorialité et de l’historicité tout à fait distincts, mais en remettant toujours en question à la fois l’échelle de l’État-Nation et la configuration des politiques de cohésion européennes. En ce sens, la notion de souveraineté héritée des périodes de construction institutionnelle d’après-guerre semble malmenée, et nous souhaitons faire l’hypothèse d’une plasticité ou d’une malléabilité de plus en plus évidente du terme, des conditions de sa mise en œuvre à la fois institutionnelle (ou « par le haut ») et populaire ou sociale (« par le bas »). Le terme est-il même encore un outil efficace pour décrire et comprendre les recompositions territoriales et politiques à l’œuvre sur le continent européen… et ailleurs ?

Le séminaire alterne des présentations de communication et des échanges en table ronde, et est organisé en deux parties.
Dans une première session, trois interventions introductives (keynote papers) approchent des cas d’étude dans le contexte européen. Ces interventions sont choisies à la fois pour la complémentarité de l’entrée disciplinaire (droit, science politique, géographie…), pour la diversité de zones analysées (Catalogne, Irlande du nord, Corse, Hongrie…) ainsi que pour la complémentarité des angles de questionnement qu’elles soulèvent. Les entrées possibles concernent la critique et la déconstruction des relations entre la région et l’État, et l’analyse des formes de rivalité et de conflictualité ; elles peuvent aussi analyser le renouvellement des formes d’expression et de construction des aspirations collectives à la souveraineté et notamment les formes argumentatives, mais aussi les montages et techniques de mise en scène, ou encore la production d’actes médiatiques et donc la dimension performative de ces mouvements, dans l’espace public comme dans l’espace politique des bâtiments (parlements régionaux…). Enfin, la manière dont la tentative de redéfinition des termes et conditions de la souveraineté territoriale s’effectue à travers l’interpellation des niveaux institutionnels supranationaux et notamment la prise à partie de l’institution européenne nous intéresse également, ainsi que la mobilisation de référentiels historiques ou ethniques et, plus largement, la « capacitation » d’une multitude d’acteurs politiques et sociaux (groupes, associations) à entretenir sur le long terme cette revendication et à interagir avec des acteurs extérieurs pour lui donner vigueur et légitimité.
Une deuxième session du séminaire envisage de tester l’hypothèse d’une spécificité européenne des mouvements de reconnaissance de souveraineté (par exemple, leur répression aujourd’hui assez graduée et somme toute peu autoritaire) en y apposant un regard décentré, et donc en s’ouvrant à des expériences extra-européennes. Il est attendu une seconde série de trois interventions dédiées à l’analyse de l’affirmation de multiples demandes de souveraineté à l’échelle infra-nationale dans d’autres contextes, comme l’Afrique subsaharienne, le continent américain, les marges de l’espace russe et l’Asie. Ici, l’hypothétique émergence d’une culture post-nationale s’inscrit dans des modes d’occupation du territoire diversifiés. Ainsi il est possible de développer la manière dont les réalités des circulations migratoires définissent des régions tampon qui deviennent, par le biais des échanges privilégiés, les noyaux d’une construction par le bas, par exemple en Afrique occidentale. Il est aussi envisageable de réfléchir à la manière dont de nouvelles formes de gouvernance s’affirment (rappelant des modes de gouvernement développés à d’autres époques historiques, comme la fin du Moyen Âge) et structurent des ensembles vastes par des liens plus lâches, tolérant des poches de territorialité plus ou moins « dures » et, par ailleurs, des déclinaisons variables de niveaux et types de souveraineté, montrant ici l’affirmation de « capacités » aux plus hauts niveaux des responsabilités.

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