La journée d’études a lieu à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine, 3-15 quai Panhard et Levassor, Paris 13e
Elle est organisée dans le cadre du projet « De la mémoire aux territoires : interroger la fabrique des lieux de mobilité » de la MSH Paris Nord (AAP 2014) et en partenariat avec le Centre de recherche sur l’habitat du LAVUE.
Elle est consacrée à la question de la production des lieux. Partant d’une question qui intéresse aussi bien la géographie que l’architecture, l’urbanisme, la philosophie, l’anthropologie, l’histoire ou le champ de l’art, l’objectif de la journée est d’interroger le rôle des mobilités dans la production (au sens d’H. Lefebvre) matérielle et symbolique des lieux. En effet, l’ampleur (volume) et la diversité des mobilités – ne serait-ce que du point de vue de l’origine géographique des individus ou des groupes mobiles, des moyens de transport utilisés, de ce qui les motivent (l’économique, le politique, le religieux ou le tourisme) – reposent la question du lieu, de son rôle et du sens qu’il revêt aujourd’hui. Elles constituent un prisme stimulant, mais peu utilisé, pour en lire les transformations et les permanences, leur fonctionnement en réseau ou la place qu’ils occupent dans la constitution des territoires (Guérin-Pace et Filippova, 2008). Les lieux revêtent une épaisseur et une capacité inclusive nouvelle qui dépasse de loin la définition qu’en donnait Foucault (1984) dans sa réflexion sur les hétérotopies. Ils ne sont plus seulement des « emplacements irréductibles les uns aux autres », mais des kaléidoscopes d’expériences, de strates, de mémoires multiples et d’événements simultanés : des enchevêtrements de pratiques socio-spatiales contenues dans des formes ouvertes mais limitées.
En abordant la question du lieu par les mobilités, cette journée d’étude souhaite poursuivre la réflexion menée par les géographes anglo-saxons à partir des années 1980 sur le sense of place (et la distinction opérée entre space et place, dans la construction géographique des identités chez Buttimer et Seamon 1980, Agnew et Duncan 1989, Carter et al. 1993), en France et Suisse à partir du milieu des années 1990 (avec les travaux de B. Debarbieux et ceux de J-L. Piveteau sur « le territoire comme lieu de mémoire ») et, plus récemment, par les chercheurs, notamment du Cresson (Amphoux et al. 2004, Grosjean et Thibaud 2001), qui appréhendent le lieu et sa capacité transformative à partir de son « ambiance ». L’entrée par les mobilités, quels qu’en soient les motifs et l’étendue, permet de décaler le regard sur le lieu, en analysant la production individuelle et collective, mais aussi symbolique et matérielle du lieu, non plus à travers l’ancrage et la durée mais au regard de parcours et de trajectoires, mais aussi de défilés, processions, pèlerinages (Chiffoleau et Madœuf 2005) par exemple.