Appel à communications – Un monde de régions ? Échanges et croisements disciplinaires sur l’intégration régionale dans le monde

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15 juillet 2018    

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Le colloque se tiendra les 21 et 22 mars 2019 à Paris

La recherche sur l’organisation de l’espace mondial et sur la globalisation est en grande partie structurée par des travaux sur les réseaux, les pratiques transnationales, les villes mondiales… Pierre Veltz a proposé dans les années 1990 de parler de l’économie d’archipel, à l’instar d’Olivier Dollfuss qui a parlé d’archipel métropolitain mondial. Dans les lectures académiques de l’espace mondialisé, une attention plutôt faible est accordée aux grandes régions, entendues comme regroupements de pays voisins, caractérisés par l’augmentation des interactions entre des sociétés situées dans la même partie du monde, qu’ils soient ou non accompagnés d’une formalisation institutionnelle (Union européenne, ASEAN, Mercosur…). Les politistes travaillent certes sur les accords régionaux, les économistes discutent certes des limites et des bienfaits – surtout des limites – de ces regroupements régionaux, géographes et sociologues peuvent se spécialiser dans l’étude de telle ou telle région, mais la région (au sens de regroupement de pays voisins) est rarement considérée comme une figure clé de l’organisation de l’espace international. Pour la plupart des auteurs l’hypothèse d’un retour généralisé des logiques de proximité dans des grands ensembles régionaux est une hypothèse faible.

L’actualité internationale semble conforter cette prévention. On observe ici et là des expériences régionales confrontées à des crises graves, notamment dans l’Union européenne. Ces dernières années, le traitement de la crise économique et financière ou les querelles sur le traitement des flux de réfugiés dans le cadre Schengen révèlent des forces centrifuges qui sont à l’opposé du principe d’intégration européenne. Au-delà de l’UE, la profondeur de la crise politique en Ukraine ou dans le monde arabe atteste l’incapacité des Européens à influer, à travers leur politique de voisinage, sur le cours de la grande région dans laquelle ils se trouvent. A Washington, le nouvel exécutif souhaite renégocier certaines dispositions du traité de l’ALENA. Censée remplacer l’URSS, la CEI n’en finit pas de se désagréger, au gré de conflits nombreux. En Afrique, les expériences régionalistes demeurent en général décevantes. Ailleurs, l’intégration régionale avance en suivant des trajectoires variées, tout en composant avec des conflits ou des tensions entre des nationalismes jaloux (Asie orientale, Amérique latine).

Faut-il voir dans les régions une organisation spatiale contingente, souvent mal armée face aux enjeux sociaux, économiques, environnementaux et politiques du temps et vouée à l’échec ? Ou faut-il y voir au contraire une forme clé de l’espace mondial d’aujourd’hui et de demain ? Les organisateurs penchent pour la deuxième réponse. Ils estiment que l’espace mondial contemporain ne se comprend que dans la dialectique entre globalisation et régionalisation. Ils font l’hypothèse que les tensions à l’œuvre dans plusieurs des régions du monde attestent non pas leur condamnation à court terme mais au contraire la lente et parfois difficile maturation du passage à une forme territoriale plus appropriée que l’État-nation pour faire face aux impératifs de la mondialisation.

Le colloque doit être l’occasion de discuter ces positions. On attend en particulier la confirmation ou l’infirmation que les intégrations régionales sont une réponse aux quatre enjeux :
– un enjeu économique
– un enjeu social et culturel
– un enjeu politique et de gouvernance
– un enjeu géopolitique.

Le colloque sera l’occasion de confronter les connaissances à plusieurs défis :
– un défi conceptuel
– un défi disciplinaire
– un défi interdisciplinaire
– un défi méthodologique.

Ce colloque s’inscrit dans une entreprise initiée en 2016 avec la rédaction d’un dictionnaire critique de l’intégration régionale (coordonné par Nora Mareï et Yann Richard) à paraître en 2018. La rédaction de ce dictionnaire par une équipe de plusieurs dizaines d’auteurs majoritairement géographes faisait suite à plusieurs constats : l’absence d’un dictionnaire dédié à l’intégration régionale alors que les dictionnaires de la mondialisation prolifèrent ; un flou persistant dans la définition des notions ; la discrétion des géographes dans un champ de recherche largement dominé par d’autres disciplines – discrétion étonnante au regard de l’expertise démontrée des géographes dans l’étude du fait régional. Le colloque poursuivra cette discussion entre disciplines.

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