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Premiers résultats de l’enquête GlocalMap

6. Villes attractives et villes répulsives

Les deux tiers des réponses concernent des villes françaises. Les villes étrangères les plus citées sont New York et Londres avec un nombre équivalent d’avis positifs et négatifs. Les villes françaises les plus citées sont Paris et Marseille avec pour chacune une majorité d’avis négatifs. Les villes les plus attractives correspondent, en France, aux zones littorales et, à l’étranger, aux villes européennes ainsi qu’à celles des pays riches et ouverts à l’immigration (Canada, Australie).

Des listes de villes socialement et politiquement différenciées

Sur les 1 158 personnes interrogées (1), seules 57 n’ont fourni aucune réponse tandis que 283 ont proposé une liste complète de 10 villes. Le nombre moyen de réponses est de 6,6 villes avec à peu près autant de villes attractives que répulsives. Il apparaît toutefois que le nombre de réponses est sensiblement plus élevé chez les hommes, les personnes de moins de 50 ans et les personnes diplômées. Il est également plus élevé chez les personnes s’intéressant beaucoup à la politique et affichant des positions extrêmes sur l’échelle droite–gauche. On retrouve les mêmes caractéristiques chez les personnes qui mentionnent une proportion importante de villes étrangères dans leur réponse, ces villes étrangères arrivant plus fréquemment dans les dernières réponses fournies que dans les premières qui sont davantage centrées sur la France.

Ces spécificités incitent à analyser avec prudence les résultats suivants qui surreprésentent l’avis des personnes ayant fourni le plus de réponses.

Dossier du CIST n° 7 - Figure 6. Villes citées comme attractives ou répulsives
Figure 6. Villes citées comme attractives ou répulsives

Des représentations des villes françaises conformes aux dynamiques migratoires

La cartographie des villes françaises présentée sur la figure 6 (en bas à droite) fait ressortir à travers la taille des cercles (nombre de citations positives et négatives) la hiérarchie urbaine française avec Paris en tête suivie de Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux ou Nice. Les villes les plus grandes sont les plus connues et donc les plus citées. Cependant, la large couverture du territoire montre également la force des attachements régionaux avec un nombre également très élevé de villes petites et moyennes ou de simples communes rurales citées par quelques personnes, voire par une seule. Il y a certes des concentrations plus fortes de réponses sur les littoraux et dans le sud de la France, mais on trouve dans toutes les régions françaises des communes citées aussi bien positivement que négativement.

La plupart des villes font l’objet d’un assez fort consensus en matière d’attraction (cercles bleus) ou de répulsion (cercles rouges) et seules quelques-unes ont donné lieu à un nombre approximativement égale de réponses positives et négatives (cercles jaunes).

Les deux villes qui ont suscité le plus d’avis négatifs sont Paris et Marseille. Si Paris dispose également d’avis positifs, c’est beaucoup moins vrai pour Marseille qui est presque unanimement citée comme un lieu où les enquêté·e·s ne souhaiteraient pas vivre. Le seul attentat de la gare Saint-Charles, qui s’est produit au cours de la période d’enquête, ne semble pas expliquer ce résultat puisque le taux de réponses négatives est le même avant et après. On serait plutôt en présence d’un stéréotype ancré dans les représentations et que l’on retrouve dans d’autres villes moins fréquemment citées, mais tout aussi négativement, comme Calais ou Dunkerque.

Les villes où les personnes déclarent le plus vouloir vivre si elles en avaient les moyens sont les métropoles littorales de l’Ouest (Bordeaux, Nantes, La Rochelle, Biarritz) et du Sud (Montpellier, Perpignan) ainsi que les villes situées dans les Alpes, à l’exception notable de Grenoble. Les lieux de retraite (littoral, zones rurales du sud-ouest) sont privilégiés dans les représentations des espaces où il ferait bon vivre.

Reste le cas des villes suscitant suscitant des avis également partagés (cercles jaunes) avec au premier chef Lyon et Nice, mais aussi des villes du nord-est (Strasbourg, Nancy, Metz) et du Languedoc (Nîmes et Béziers).

Des représentations des villes mondiales influencées par les distances géographiques, économiques et politiques

Les villes attractives ou répulsives mentionnées en dehors de l’Hexagone (Fig. 6, en haut et en bas à droite pour l’Europe) se concentrent massivement dans l’hémisphère Nord. Les villes d’Amérique du Sud ou d’Afrique au sud du Sahara sont pratiquement absentes des réponses ce qui peut s’interpréter comme le résultat d’un mélange d’ignorance et d’indifférence pour des pays éloignés qui font rarement l’actualité dans les journaux et sont peu présents dans les manuels scolaires.

Les villes étrangères attractives se concentrent dans les pays voisins d’Europe de l’Ouest (Espagne, Portugal, Italie, Suisse, Belgique, Pays‑Bas, Suède, Norvège, Grèce, Irlande) mais aussi de façon spécifique dans les pays riches et démocratiques caractérisés par de grands espaces et ouverts à l’immigration européenne (Canada, Australie, Nouvelle‑Zélande).

Les villes étrangères répulsives se concentrent dans les marges méridionales (Maghreb et Machrek) et orientales (Russie) de l’Union européenne mais aussi dans les mégapoles de pays émergents (Inde, Mexique, Chine) ainsi que dans les pays en crise (Syrie, Irak, Afghanistan) ou à régimes autoritaires (Corée du Nord, Iran, Arabie Saoudite).

Les États-Unis constituent un cas singulier dans la mesure où l’on y trouve à la fois des villes très attractives (San Francisco) et très répulsives (Las Vegas, Chicago). Enfin les grands pôles de la mondialisation (New York, Los Angeles, Londres, Tokyo ou Berlin) apparaissent de façon remarquable comme les villes qui suscitent le plus de débat puisqu’elles reçoivent un nombre approximativement équivalent d’avis positifs et négatifs (cercles jaunes).


1 Seule la moitié de l’échantillon (tirée au sort) s’est prononcée sur les villes, alors que l’autre moitié se prononçait sur les pays.


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