4.2. Économie de la connaissance : le potentiel et le retard européens
Succédant à la Stratégie de Lisbonne lancée par le Conseil européen en 2000 et qui voulait faire de l’UE « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 », la Stratégie Europe 2020 a été lancée en 2010. Elle comporte notamment un volet « Union pour l’innovation », une « Stratégie numérique pour l’Europe » et une « Stratégie pour les nouvelles compétences ». Tout cela repose sur des systèmes éducatifs nationaux sachant diplômer les jeunes. Or la carte révèle, tout à la fois, des disparités internes aux pays de l’UE (y compris en France, voir le cas de la Picardie), des retards de certains grands pays membres comme l’Italie, et le long chemin qui reste à faire pour les nouveaux pays membres, pays Baltes et Pologne mis à part. Il sera encore plus long pour les pays du voisinage méditerranéen, ce qui montre l’importance des coopérations inter-universitaires à développer avec eux. Au passage, on notera le contraste entre Ukraine orientale et Ukraine occidentale – une question régionale à enjeu pour l’Europe…
La population diplômée du supérieur, dans les années 2000
La Stratégie Europe 2020 dispose que les dépenses de R&D au sein de l’UE doivent atteindre 3 % du PIB d’ici à 2020. C’est le même objectif que celui de la Stratégie de Lisbonne qui visait ces 3 % pour… 2010. Or nous n’en sommes qu’à 2 % (2012), contre 3 % aux Etats-Unis, 3,5 % au Japon et presque 4 % en Corée du Sud. Avec 2 % elle aussi, la Chine a rattrapé l’Europe !
Au sein de l’Europe, les forces sont dans les pays scandinaves (Suède 3,4 %, Finlande 3,8 %) et dans l’Ouest (Allemagne 2,84 %, Autriche 2,75 %, puis la France 2,25 %). Le Portugal fait des efforts impressionnants puisqu’il est passé de 0,73 % en 2000 à plus de 1,5 % aujourd’hui. Mais l’Europe centrale est à la traine. L’Europe a des atouts scientifiques et culturels immenses ; l’idée d’un brevet européen unitaire progresse, mais trop lentement. Ne sachant plus proposer un projet de long terme, valorisant la consommation plutôt que la production et l’innovation, la région européenne est en train de reculer dans la bataille mondiale de l’économie de la connaissance.