3. La blogosphère tunisienne
La révolution de Jasmin a été acclamée comme la révolution d’Internet. Grâce à leurs connexions avec les réseaux étrangers, les bloggeurs tunisiens ont diffusé les évènements de la révolte en temps réel. Pour connaître la dernière actualité, les journalistes et les bloggeurs du monde entier se sont connectés aux blogs, aux comptes Facebook et Twitter de Slim Amamou (arrêté sous le régime de Ben Ali et aujourd’hui ministre de la Jeunesse et des Sports de Tunisie), Lina Ben Mhenni (auteur du blog « A Tunisian girl ») et beaucoup d’autres.
Quelques jours après les révoltes tunisiennes, des dynamiques similaires se sont manifestées en Égypte. Certains voient l’origine des manifestations en Esraa Abdel Fattah, jeune fille égyptienne fondatrice du groupe Facebook qui a organisé le mouvement du 6 avril 2008. D’autres soulignent le rôle du groupe Facebook « We Are All Khaled Said » et reconnaissent en Khaled Saïd, le bloggeur torturé et tué par des policiers en juin 2010, l’icône de la révolte. Bien que le gouvernement ait coupé l’accès à Internet pendant plus de cinq jours, les réseaux comme Twitter et Facebook ont réussi à contourner la censure notamment grâce aux téléphones portables. Internet est lui-même devenu un casus belli, mais la guérilla numérique est une pratique difficile à saisir et à suivre.
Le CIST développe un outil de cartographie géographique et médiatique (GéomediaMapper) qui aide à la compréhension de ces phénomènes. La carte montre comment les blogs étrangers se sont connectés aux réseaux des bloggeurs tunisiens. L’analyse prend en considération une quinzaine de pages web tunisiennes (blogs, mais aussi Twitter et Facebook) identifiées par la presse internationale comme des moteurs de la révolte. Grâce au tracement de liens, réalisé avec Google.com, le mois dernier, il a été possible de reconstruire les liaisons entre ces pages et les blogs étrangers qui les ont cités. Outre un nœud important de liens internes en Tunisie, une liaison privilégiée avec l’Europe émerge clairement : surtout avec la France (25), mais aussi l’Allemagne (12), l’Italie (8), l’Espagne (8) et le Royaume-Uni (6). Des liens significatifs existent aussi avec les États-Unis et le Canada. En analysant ces blogs occidentaux, il n’est pas surprenant de constater que plus de la moitié sont gérés par des personnes originaires du Maghreb et qu’ils sont souvent rédigés en langue arabe.
On note une connexion plus faible avec les pays arabes. Au-delà de quelques liens avec le Maroc, l’Algérie, l’Égypte et le Liban, les connexions avec des sites d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont quasiment inexistantes. Cela s’explique surtout par le fait que les sites des bloggeurs révolutionnaires tunisiens ont souvent été censurés dans le reste des pays arabes.
Marta Severo (CIST) et Chloé Didelon (CIST)
Avec la participation de M. Belkaid (Paris 3)
Pages web analysées
http://nomemoryspace.wordpress.com/
http://nawaat.org/
http://www.atunisiangirl.blogspot.com/
http://www.takriz.com/
http://revolutiontunisie.wordpress.com/
http://www.kalima-tunisie.info/
http://anonops.blogspot.com/
http://www.whyweprotest.net/
http://www.anonnews.org/
http://www.albadil.org/
http://azyz404.blogspot.com/
http://twitter.com/slim404/
http://www.facebook.com/nawaat/
http://twitter.com/benmhennilina/
http://www.facebook.com/takrizo?v=walllien/
http://twitter.com/takriz/
http://www.facebook.com/Kaloutcha.Hamadi/
http://www.facebook.com/touwenssa/
http://www.facebook.com/pages/TuNisiE-C-twns-CTuNisiA/118423148189891/
http://www.facebook.com/pages/Anonymes/179440562088132/
http://www.facebook.com/anonops/
http://twitter.com/anonops/
http://www.facebook.com/pages/Hamadi-Kaloutcha/173007672742016/
http://www.facebook.com/group.php?gid=62764693125/
http://www.facebook.com/pages/Excellente-rap-music-comeback/153793954645919/