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Géomédia 1 – Une cartographie géomédiatique de la crise tunisienne

1.1. Une chronologie des événements tunisiens

L’immolation par le feu de Mohammed Bouazizi le 17 décembre 2010, a représenté l’étape ultime d’un mouvement social de contestations, transformé en une révolution dont les prémisses ont commencé deux ans plus tôt.

Suite à un concours de recrutement de la CPG (Compagnie des phosphates de Gafsa), jugé truqué et qui a offert les postes à des gens de l’extérieur de la région, le 5 janvier 2008, les jeunes vont occuper les locaux de l’UGTT (Union générale des travailleurs de Tunisie), rejoints par leur famille et installer des tentes. Ce mouvement a touché Erredeief, Oum Lares, Metlaoui… et s’étend jusqu’à Feriana. Bilan trois morts, une centaine d’interpellations et d’inculpations.

Août 2010 : des émeutes éclatent à Ben Guerdane suite à la fermeture du point de passage entre la Tunisie et la Libye. La version officielle explique cette décision par la volonté de contrôler le commerce informel ; mais en réalité les Trabelsi ont voulu contrôler cette activité juteuse dont une partie leur échappe en inaugurant une ligne maritime directe entre Sfax et Tripoli défiant toute concurrence.

Le 18 décembre : début du mouvement, slogans sur la vie chère et le chômage, mais à contenu politique marqué ; « le travail est un droit, oh bande de voleurs », allusion faite à la famille du président. Répression violente, mais fait tout-à-fait nouveau ; les manifestations s’organisent la nuit dans le but de harceler les forces de sécurité.

Le 24 décembre : le mouvement se propage vers Menzel Bouzaienne, une petite ville de 5000 habitants, deux jeunes sont tombés sous les tirs de la police.

Du 3 au 7 janvier : tout en continuant à Sidi Bouzid [1] et Menzel Bouzaiene soumises à un blocus, le mouvement s’étend à Saïda une bourgade (3 000 hab.), puis s’étend en dehors du gouvernorat à Thala (Kasserine) sur la frontière algérienne.

Du 8 au 10 janvier 2011 : c’est Kasserine qui est le théâtre d’affrontements, mais aussi Regueb, Ben Aoune (30 km de Sidi Bouzid) où des dizaines de morts sont tombés. Le mouvement a commencé à prendre une tournure nationale avec la fermeture des établissements scolaires et universitaires.
La propagation du mouvement s’est faite vers deux directions ; vers le Sud (Kebili, Tozeur, Douz, Ben Guerdane, Mednine) et vers le Nord (Beja, Jendouba, Kef) et dans les petites villes périphériques des métropoles du littoral (Jebeniana autour de Sfax) épargnant encore la Tunisie littorale.

Le 12 janvier : récupérée par l’UGTT (centrale syndicale), une manifestation de plusieurs dizaines de milliers a été organisée à Sfax (deuxième métropole du pays). Les slogans deviennent franchement politiques (liberté, démocratie).

Du 12 au 14 janvier : le mouvement regagne Tunis, dans les banlieues pauvres au départ (cité Ettadhamen, Kram), puis s’empare du centre ville.

Le 14 janvier : rassemblement au centre devant le ministère de l’intérieur avec comme principal slogan « Ben Ali dégage ».

Ali Bennasr (Équipe SYFACTE – Sfax)

[1] Sidi Bouzid fait partie de la Tunisie médiane. Village de 5 000 hab en 1973, promue chef lieu de gouvernorat, Sidi Bouzid se transforma en un laps de temps court en une ville moyenne de 40 000 hab. Dans les années 1970, la région a connu un développement important des cultures irriguées, mais depuis quelques années, cette activité est en recul rapide (salinisation des terres, problèmes de la nappe, etc).

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