Application à la présence des pesticides dans l’environnement et à la pollution de l’air urbain
Ce séminaire, coorganisé par l’axe Santé du CIST et l’EnvitéRA, se déroule à l’amphi Malraux, Salon des Symboles, Manufacture des tabacs, à Lyon
Au XXe siècle, l’amélioration progressive des conditions de vie et les progrès de la médecine ont entraîné une augmentation importante de l’espérance de vie. Cependant, certaines transformations de nos modes et milieux de vie ont montré des impacts néfastes sur notre santé et pourraient, selon des données récentes, conduire à une inflexion de la tendance d’évolution de l’espérance de vie [Olshansky, 2005 ; Krewski, 2009 ; Whitlock, 2009]. Les interactions entre santé et environnement sont ainsi devenues une préoccupation majeure de santé publique. Mais, malgré l’évolution rapide de l’état des connaissances dans le domaine de la santé environnementale, il existe de nombreuses incertitudes, et ceci, à chaque étape de l’évaluation.
Tout d’abord, les incertitudes et enjeux méthodologiques sont nombreux lorsque l’on cherche à identifier et mesurer les expositions environnementales. En effet, celles-ci sont caractérisées par la variabilité de leur présence, et ceci à la fois d’un point de vue spatial (caractère diffus…) et temporel (saisonnalité, persistance variables des substances actives…). On peut alors s’interroger sur la façon d’appréhender ces expositions environnementales et sur la faisabilité de les mesurer. Dans tous les cas, les variables à considérer sont nombreuses et complexes (variabilité spatiale et temporelle des substances actives…). Ainsi, que ces expositions soient appréhendées à partir de mesures réelles (analyses écotoxicologiques) ou à l’aide d’indicateurs d’exposition (estimations), les questions soulevées sont nombreuses. Celles-ci concernent à la fois la pertinence globale des méthodes mobilisées (avantages et limites de chacune d’entre elles) et la pertinence particulière des différents choix méthodologiques effectués (échelles, variables, types d’indicateurs, approche territoriale ou populationnelle…).
Par ailleurs, les incertitudes restent fortes quant aux interactions entre la santé et l’environnement. De manière générale, l’étude de la relation entre l’exposition et les effets sur la santé repose en premier lieu sur les études épidémiologiques. Celles-ci visent à mesurer l’exposition à une substance ou à une situation à risque dans une population puis à analyser la probabilité d’association entre l’exposition et l’apparition d’une maladie. La démonstration de la nature causale d’une telle association est complexe. Elle s’appuie sur des arguments scientifiques proposés par Austin Bradford Hill en 1965 [Hill, 1965]. Ils concernent notamment la force de l’association entre la pathologie et l’exposition, la reproductibilité des résultats, la confirmation expérimentale chez l’animal, l’existence d’une relation dose-effet, la temporalité (l’effet précède la cause) et la plausibilité biologique, c’est-à-dire la compréhension du mécanisme d’action de l’agent.
Ces arguments invitent à s’interroger sur un certain nombre d’éléments, et notamment sur la pertinence de la relation dose-effet dans un domaine où il est difficile d’isoler un facteur de risque. D’ailleurs, faut-il quantifier/qualifier les niveaux d’exposition d’une population donnée à un agent pathogène ou faut-il adopter une approche systémique ? De même, on peut se demander comment distinguer dans le caractère multifactoriel de la santé les facteurs de confusion d’une part qui génèrent de l’incertitude et d’autre part l’aspect multi-expositions à la fois spatiale (cadre de vie, contexte professionnel) et temporelle (le long de la vie) et qui bien sûr génère également de l’incertitude mais qui correspond à des attentes fortes.
Une autre difficulté réside dans les délais entre l’exposition et l’apparition d’une pathologie. Ces délais sont souvent longs, mais on peut se demander ce que nous apprennent les études sur les relations à court terme entre exposition et santé. De même, comment construire les approches sur des expositions à moyen ou long terme ? Ces questions sont d’autant plus importantes que les difficultés à réaliser des études avec un suivi et des effectifs suffisants pour montrer l’existence d’une association entre une exposition et un effet sur la santé peuvent aboutir à des confusions. En effet, il est fréquemment fait à tort une assimilation entre l’absence de preuve scientifique et la preuve de l’absence de risque. Un meilleur accès aux données (de la présence des substances), des informations de santé au niveau des individus permettraient-ils de mieux appréhender les relations santé/environnement ?
À partir de l’application à la présence des pesticides dans l’environnement et à la pollution de l’air urbain, ce séminaire vise à s’interroger sur toutes les problématiques soulevées par les interactions entre expositions environnementales et santé.
Format et déroulement : présentations scientifiques, suivies d’une table ronde
Les textes des 2 ou 3 présentations introductives aux tables rondes seront demandés et distribués aux participants de la table ronde au milieu du mois de septembre. L’idéal serait de disposer d’un résumé en 5 pages de la présentation. L’idée est que les intervenants de la table ronde puissent préparer les éléments de discussion, de débat à l’avance. Des questions leur seraient aussi communiquées pour orienter la discussion. Le débat serait animé par un chercheur/gestionnaire.
L’objectif de chaque table ronde est d’ouvrir une discussion entre :
– d’un côté, les travaux des chercheurs : à partir de quelles informations peuvent-ils travailler, comment les mobilisent-ils, les mettent-ils en perspective ? Quels sont les problèmes rencontrés ? Quelles informations permettraient d’améliorer l’estimation de l’exposition ? Quelles sont les perspectives de recherche ? Les bonnes questions sont-elles posées ? Quelles seraient-elles ?…
– de l’autre les attentes des décideurs : acteurs politiques (élus ou opposants), gestionnaires. Quelle utilité des travaux de recherche pour la conception des politiques ? A quel échelon du territoire ? Pour quels enjeux de santé ? Comment la recherche peut participer à l’amélioration des politiques publiques en santé environnementale? Les bonnes questions sont-elles posées ? Quelles seraient-elles ?…