2011 dans le monde arabe : étape, tournant ou rupture ?

Date 

29 June 2017 - 30 June 2017    

Site 

ENSA Paris-Val de Seine
3 quai Panhard et Levassor, Paris, 75013

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ATTENTION, changement de salle
Le colloque se tient dans l’amphi 310 (et non 120 comme initialement prévu)

Entrée libre sur inscription jusqu’au 22 juin 2017

Le projet d’Observatoire des transformations dans le monde arabe (OTMA) a, durant trois années, initié un ensemble de recherches et de rencontres sur la thématique des transformations sociales et économiques depuis le déclenchement des mouvements de contestation des pouvoirs établis dans le monde arabe et notamment le Maghreb. Son objectif est de produire une connaissance pluridisciplinaire en sciences sociales et de répondre à la question « Qu’est ce qui change et qu’est ce qui ne change pas ? ». Il s’agit de mettre en évidence les lignes de rupture et de continuité, les éléments de recomposition d’un nouvel ordre social, politique et économique. Ces thématiques ont été appréhendées à travers trois entrées : les acteurs, les territoires, les institutions.
L’objectif de ce colloque est de restituer les travaux menés dans le cadre de ce projet, en Tunisie et au Maroc, et de solliciter des collègues travaillant sur ces thématiques dans d’autres pays de la région et du monde afin de confronter les approches, enrichir les méthodes d’observation et renouveler les cadres théoriques.

Le colloque s’organise autour de présentations et de tables rondes à partir des différentes thématiques.

Quels acteurs des transformations sociétales et changements politiques en Afrique du Nord - jeudi 29 juin matin
Depuis leur indépendance, les pays d’Afrique du Nord connaissent des changements structurels, de nature économique et sociale, qui font émerger des besoins de gouvernance plus adaptés à leur niveau de développement. Ce sont en outre des pays jeunes qui entrent dans la phase terminale de leur transition démographique et qui sont confrontés à une remise en question profonde de leur ordre social, dans un contexte national et international, complexe. Ce bouleversement de l’ordre social met de plus en plus au premier plan les femmes, les jeunes, et plus particulièrement les jeunes diplômés dans différentes sphères de la vie publique. Parallèlement, de nouvelles formes de mobilisations émergent, qui s’observent par des manières particulières de faire, de s’exprimer, de protester. Aux acteurs collectifs (syndicats, partis politiques, associations, groupes professionnels, corps constitués, etc.) se superposent des groupes sociaux (jeunes, femmes, migrants, etc.), particulièrement actifs dans la temporalité des transformations.

Présidée par France Guérin-Pace (UR12 Ined, CIST)

Aymen Belhadj (IRMC Tunis, Prodig, Université Paris 1) et Damiano De Facci (Cessma, IRD) – La gestion du problème du chômage dans les ‘régions de l’intérieur’ de la Tunisie : dogme néolibéral, centralisation et déni des fractures régionales
Sami Zegnani (Arènes, Université de Rennes 1) – Le rap tunisien comme révélateur des transformations de la jeunesse tunisienne
Cédric Terzi (Université de Lille) et Smaïn Laacher (UR 12 Ined, Université de Strasbourg) – Les controverses judiciaires et religieuses autour des libertés publiques
Elena Ambrosetti (Université de Rome La Sapienza), Aurora Angeli (Université de Bologne) et Marco Novelli (Université de Bologne) – La taille idéale de la famille et la fécondité en Egypte
Emna Gana (Université de la Manouba) et Chérifa Lakhoua (Université de Carthage) – Approche comparative de la fibre entrepreneuriale chez les tunisiens et tunisiennes
Chérifa Lakhoua (Université de Carthage) et Kamel Kateb (UR12 Ined) – Vaincre les discriminations à l’égard de la femme par l’entrepreneuriat dans les pays d’Afrique du Nord

Discussion générale animée par Smaïn Laacher (Université de Strasbourg, UR 12 Ined)


Le rôle des institutions - jeudi 29 juin après-midi
Les institutions sont souvent définies comme les règles formelles et informelles, distinctes des organisations, qui permettent aux sociétés de fonctionner avec un minimum d’ordre et de cohérence. Il est possible de distinguer les règles du jeu (les institutions) et le jeu lui-même (l’économie politique), défini comme la lutte des acteurs pour le pouvoir, les ressources, la richesse.
Le changement principal induit par les révolutions arabes consiste en une rupture fondamentale avec le mode de gouvernance antérieur, caractérisé jusque-là par un rapport de type monolithique autoritaire dont la fragilité a été révélée. Ce monolithisme autoritaire ne peut plus « gouverner » les sociétés d’une façon stable pour des raisons structurelles irréversibles : éducation de masse, urbanisation, accès à l’information mondialisée, etc. On peut faire l’hypothèse qu’il s’agit là d’un phénomène irréversible. Même si le projet démocratique n’est pas la fin de l’histoire, les formes de gouvernementalité changeront nécessairement et ne pourront plus reposer essentiellement sur la monopolisation d’une violence arbitraire et non consentie par une société civile, plus active, revendiquant droit et dignité.
La question posée est donc celle de la création ou de la transformation des institutions (au sens le plus large) qui permettent de recréer du sens pour les citoyens, d’ancrer des identités individuelles et collectives, de dessiner des horizons de projets collectifs sans lesquels aucune société ne peut survivre. Plusieurs dimensions seront abordées : qui impose les règles, les hommes ou Dieu ? Comment se construisent des médiations entre des conflits ? Comment s’harmonisent des intérêts souvent contradictoires ? Comment les institutions formelles et informelles s’ajustent-elles ?

Présidée par Jean-Yves Moisseron (Cessma, IRD)

Kenza Afsahi (Centre Emile Durkheim, CNRS Bordeaux) – Femmes, travail et marché du cannabis au Maroc, entre aliénation et autonomisation
Amel Ben-Rhouma (Université Paris Descartes) et Bilel Kchouk (School of Political Studies, Ottawa) – Femmes et Gouvernance en contexte de transition démocratique : le cas de la Tunisie
Khalid El Housni (EST-Essouira), Pascal Grouiez (Ladyss, Université Paris Diderot), Pepita Ould Ahmed (Cessma, IRD) et Jean-Yves Moisseron (Cessma, IRD) – Pratiques financières informelles et genre au Maroc
Yolande Benarrosh (LAMES/MMSH, Aix-Marseille Université) – Femmes migrantes seules à Tanger : quels processus d’individualisation ?

Table ronde animée par Ouidad Tebaa (Université Cadi Ayyad, Marrakech)

Jacques Ould Aoudia (Migration et Développement)
Jean-François Daguzan (FRS)
Pierre Beckouche (Ladyss, CIST)
Ali Bennasr (Université de Sfax)


En clôture de la première journée du colloque sera projeté « Femmes d’avenir », un documentaire produit dans le cadre des FSP « Genre et cohésion sociale » et « Femmes d’avenir en Méditerranée » qui retrace les actions réalisées, délivrent des témoignages et dressent des portraits de femmes (Maroc, Tunisie, Egypte) et de lauréates françaises. La projection sera introduite par Ouafae Sananes (ministère des Affaires étrangères) et sera suivie d’un cocktail.

Le rôle des territoires et de la gouvernance territoriale - vendredi 30 juin matin
Le territoire, objet de gouvernance constamment sollicité mais aussi forme d’appropriation individuelle sans cesse renouvelée, constitue un marqueur pertinent des changements récents dans le monde arabe. Alors même que l’emprise de l’État-Nation s’estompe et que les acteurs qui agissent sur le territoire se multiplient, le territoire (re)devient un référentiel identitaire, revendiqué comme un droit.
Les disparités économiques et sociales entre régions ont été en grande partie à l’origine de la révolte de 2011 en Tunisie, positionnant au centre la question de la gouvernance territoriale dès le début de la transition démocratique. Plus largement, les questions relatives au développement, à l’aménagement du territoire et à la régionalisation, constituent dans le monde arabe une préoccupation nationale majeure au cœur des débats politiques.
Cette tension centrifuge vers plus de régionalisation se heurte cependant à l’histoire propre de chacun des pays dans sa dynamique de construction de l’État-Nation. Pour de nombreux pays centralisés qui ont dû historiquement forger, parfois de manière violente, un sentiment national commun à partir d’identités régionales fortes, la régionalisation fait surgir le spectre du régionalisme et semble porter atteinte à la fois à l’indivisibilité de la Nation et à l’intégrité de l’État. C’est dans cette tension entre les besoins de décentralisation, de déconcentration, de gouvernance territoriale et la nature jacobine des États arabes méditerranéens que se situe la pierre d’achoppement des politiques de régionalisation. Comment mettre en place une politique de régionalisation sans mettre à mal l’unité nationale, à l’instar de ce que l’on observe en Libye ou en Syrie ? L’Égypte, malgré le retour au pouvoir d’une institution nécessairement centralisatrice qu’est l’armée, n’échappe pas au phénomène. D’autres pays, sur un mode violent, vivent des révolutions territoriales majeures. Ainsi la Libye est sur le point de se fragmenter en deux entités : le Tripolitaine et la Cyrénaïque, tandis que d’autres pays arabes comme la Syrie, ou l’Irak, connaissent des ruptures entre des groupes ethniques ancrés territorialement, comme c’est le cas des Kurdes. Enfin, de manière plus large, ces transformations s’accompagnent de migrations sans précédent qui débordent la zone sud de la Méditerranée.

Présidée par Claude Grasland (Géographie-cités, Université Paris Diderot, CIST)

Alia Gana (IRMC Tunis, CNRS) et Ester Sigillo (IRMC Tunis, Scuola Normale Superiore) – Action de développement et reconfiguration d’acteurs à Siliana. Vers un modèle de développement territorial?
Roman Stadnicki (Citeres, Université de Tours) – Les indicateurs urbains de la continuation du processus révolutionnaire en Egypte
Gilles Van Hamme (Université libre de Bruxelles) et Alia Gana (IRMC Tunis, CNRS) – Permanences et reconfigurations de l’espace politique de la Tunisie entre 2011 et 2014. Enseignements d’une recherche en analyse électorale

Table ronde animée par Claude Grasland (Géographie-cités, Université Paris Diderot, CIST)

Jean-Yves Moisseron (Cessma, IRD)
Saïd Boujrouf (Université Cadi Ayyad, Marrakech)
Delphine Pagès-El Karoui (Inalco)


L’enquête sur les transformations au sein de la société tunisienne - vendredi 30 juin après-midi)
L’enquête ETST (Ined-CERP) a été menée auprès de 3 000 personnes représentatives de la population vivant sur le territoire tunisien. Le terrain de l’enquête a été effectué durant deux mois et s’est achevé à la fin de l’année 2016. Elle comporte différentes thématiques qui viennent éclairer les évolutions en cours au sein de la société tunisienne : relations entre les générations, unions, pratiques linguistiques, convictions, etc. Une grille biographique permet de détailler les parcours individuels selon plusieurs dimensions : familiale, géographique, professionnel, auquel s’ajoute le regard que l’enquête porte sur son parcours. Nous présenterons durant cette dernière demi-journée la conception de cette enquête et les premiers résultats qui en sont issus.

Présidée par Gwenaëlle Brilhault (Ined)

France Guérin-Pace (UR12-Ined) – Observer et mesurer les changements sociétaux en Tunisie : l’enquête ESTS 2016 (Ined-Cerp)
Hassène Kassar (Cerp, FSHST) – Le terrain de l’enquête ETST : enjeux et difficultés
Anis Boujaama (Institut national de la statistique, Tunis) – Méthode d’échantillonnage de l’enquête ETST

Premiers résultats et pistes de recherche

Kamel Kateb (UR12 Ined) – Mariage tardif et célibat en Tunisie

– Présentation des doctorants de la faculté SHS de Tunis
Safa Bassalah – Mobilité sociale et mobilité professionnelle
Hajer Ben Hamza – La migration interne en Tunisie après le 14 janvier 2011
Ahlem Bouchiba – Parcours scolaire et professionnel
Amel Karray – 14 Janvier 2011 : insurrection ou festivité
Amani Sghaier – La participation électorale
Chaima Souli – Jeunes tunisiens et changement de mentalité religieuse
Islem Triki – Les rôles partagés au sein de la vie conjugale

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